Roland Guyot, Architecte mais pas que…
« On reste maître de l’œuvre et le client maître de l’ouvrage ! »
Interview de cet homme apprécié de tous, architecte basé à Nyon, Suisse, depuis 1973, avec plus de 300 affaires dont des expertises à son actif et qui continue à exercer passionnément à 80 ans (né juste 45 minutes avant Johnny Hallyday, comme disait souvent sa maman).
Racontez-nous un peu vos premiers pas dans la profession…
Vers mes 20 ans, le diplôme en poche, j’ai passé 6 mois d’études à Florence pour me baigner dans la Renaissance italienne. Au retour, j’ai commencé à travailler avec un de mes beaux-frères, de 5 ans mon ainé, qui avait une entreprise de préfabrication en bois. On arrivait à construire une maison clefs en main en l’espace de quatre mois. Comme c’était spectaculaire à ce moment-là, je me suis fait une réputation et l’entreprise genevoise est montée en puissance, avec environ 150 projets de maisons, dont une quinzaine de réalisations sur Genève et une vingtaine sur Vaud. C’est l’origine de ma passion pour les préfabriqués, qui m’a suivi un peu tout au long de ma carrière.
Des amis ingénieurs et architectes de Nyon m’ont sollicité pour participer à leur projet de UHT (unité d’habitation temporaire) pour l’Afrique. Je m’y suis joint en lançant une maison 100% en bois, pliable et facile à transporter : elle était construite chez nous et expédiée par bateau !
A partir de là, j’ai commencé ma carrière d’associé et d’indépendant. Il y a eu : le BAU (Bureau d’Architecture et d’Urbanisme), à Nyon et à Rolle, et Dorik SA, entreprise spécialisée dans l’architecture d’intérieur et la décoration, qui deviendra par la suite BAUEX (Bureau d’architecture, urbanisme et expertise).
Quel a été votre pire mandat ? Lequel vous a donné le plus de fil à retordre ?
Quelles sont les qualités essentielles pour pratiquer votre métier ? Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui se lancent dans ce domaine ?
D’abord, savoir observer. Poser l’œil sur tout et avoir une mémoire visuelle. Ne pas passer à côté de quelque chose sans se l’imprimer dans une partie du cerveau, la garder dans un tiroir et l’avoir comme référence.
Ensuite, on a tous un maître. Il peut s’agir, par exemple, de Andō ou Tange au Japon, Richard Neutra aux US ou, chez nous, Le Corbusier. Pour moi, Le Corbusier a été un peu mon maître, pas spécialement au point de vue des lignes mais surtout du caractère. Il avait une phrase qui me parle toujours : « L'architecture est le jeu savant correct et magnifique des volumes assemblés sous la lumière ». Je trouve que cela résume tout !
Ici, nous n’avons fait que frôler les multiples facettes de ce personnage captivant qu’est Roland Guyot, trop discret pour admettre avoir été et être toujours le mentor d’autres, mais si riche en expériences et histoires que l’on ne se lasse pas de l’écouter. Peut-être aurons-nous la possibilité d’aller au-delà de l’architecture dans une nouvelle entrevue !
Enfin, cette entrevue a révélé bien plus que ses réalisations architecturales; elle a dépeint un homme généreux en expériences, dont les moments partagés autour d'un café ou d'un verre de vin ont été des privilèges.
Puissent ses histoires continuer d'inspirer et de laisser une empreinte durable dans nos coeurs.